26_09_2008

Il est 19h00, Julie et moi sommes affairées à la cuisine : ce soir nous préparerons les légumes du jardin d’Agnès. Dehors, un couple contemple les maisons. A quoi pensent-ils ?Ils me sourient, j’ouvre alors la fenêtre :

« Bonsoir messieurs dames ! »

« Bonsoir ! » me répondent-ils. « Vous habitez là ? »

Trop éloignés pour converser, je descends leur expliquer le projet… « Oui, j’habite cette maison, je l’habite d’ailleurs depuis un mois et demi. Moi, je suis en stage dans l’agence d’architecture G.studio. Julie, elle, c’est une artiste. Nous vivons là et nous travaillons là pour une période de deux mois. D’autres personnes habiteront ensuite la maison.

La conversation débute toujours ainsi : Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ? Je n’aime pas trop parler de moi, ni devoir me justifier… mais j’explique car une fois la position de chacun donnée, nous pouvons tranquillement aborder un sujet qui m’intéresse d’avantage : les coccinelles. Parfois, la critique est subjective : « elles sont curieuses ces maisons » ou, « c’est moche » ou encore, « ah ça, c’est moderne » mais aussi, « moi j’aime bien, ça change ». D’autres fois, notamment chez les visiteurs d’autres régions, de France ou d’Allemagne, les réflexions sont d’emblée tournées sur les matériaux employés, et les concepts écologiques développés par le projet.

Je crois que, si une architecture différente de ce que j’ai l’habitude de voir se construisait à côté de chez moi, j’aurais également tendance à porter un jugement de valeur. Tandis que si je la rencontrais plus loin, je chercherais d’avantage à la comprendre.

J’explique donc que mon rôle n’est pas de leur faire aimer ces maisons. Tout ce que je souhaite, c’est donner quelques informations pouvant aider à mieux comprendre le projet.

Je leur parle de la situation du lotissement, de l’intérêt pour l’éco-système de construire au centre de la ville plutôt qu’en périphérie : en occupant les friches centrales déjà viabilisées, nous luttons contre l’étalement urbain et protégeons ainsi nos campagnes.

J’aborde le système des noues drainantes : les haies de saules et de roseaux qui séparent les parcelles sont en léger décaissé. Elles reçoivent l’eau de pluie des toits des coccinelles et l’absorbent en grande partie. L’eau retourne alors directement à la terre et poursuit son cycle naturel plutôt que d’être rejetée dans les égouts.

La présence du bois est appréciée. Les essences de bois sont utilisées selon leurs caractéristiques : les menuiseries sont en douglas, tandis que la façade nord est recouverte d’un tri pli en mélèze, des bois durs et résistants pouvant être soumis aux vents et aux pluies ; la voûte est réalisée en magnifique bois de sapin ; l’isolant est fait de fibres bois, etc.

J’évoque la structure porteuse des maisons : trois portiques en bois lamellés-collés, encadré chacun de deux poutres moisantes de 50 cm de hauteur permettent de libérer un espace plan au rez-de-chaussée et un espace voûté à l’étage de 80 m2 chacun. La maison offre ainsi à ses habitants de multiples possibilités d’agencement de l’espace.

Dans la maison que nous occupons, nous avons choisi de garder un espace de type loft, c’est-à-dire un espace qui soit le plus libre possible. Nous avons conçu un mobilier en forme de cube qui met en valeur la grandeur de la voûte et occupe peu d’espace. Si nous avions souhaité une intimité plus grande, nous aurions pu cloisonner une partie de la maison et créer ainsi des pièces plus traditionnelles. Les possibilités sont multiples !

L’orientation Nord-Sud des maisons est également un point important quant à la gestion des énergies passives. La grande baie vitrée au Sud permet de faire entrer un maximum de soleil au long de la journée. Cependant, l’été, lorsque le soleil est plus fort et plus haut, une avancée en bois joue le rôle de casquette et protège la coccinelle de la chaleur.

Je parle également des entreprises présentes sur le chantier : ce sont quasiment toutes des entreprises locales, ce qui limite les déplacements et soutient l’économie de la vallée.

Après cette petite visite, les curieux repartent sous le charme. Les explications restent parfois floues dans les esprits. Cependant, les visiteurs sont unanimes quant à la sensation de bien-être ressentie dans l’espace de la voûte. Et moi… moi je suis heureuse d’avoir pu apporter ne serait-ce qu’un petit peu d’explications sur le projet des coccinelles de Sainte-Croix.

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Aurore, le 27 septembre 2008



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